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portrait Jean-Yves Grosse

Portrait de Jean-Yves Grosse, Président d'Aviation Sans Frontières

19/04/2018

Découvrez le portrait de ce bénévole à la tête d'Aviation Sans Frontières.

Quel est ton parcours avant Aviation Sans Frontières ?

Aviation Sans Frontières est mon premier engagement significatif dans une association. Avant, j'étais surtout pris par mes activités professionnelles et ma vie de famille. En fait, j'ai fait presque toute ma carrière au sein du groupe Air France, après un bref passage dans l'administration, la Météorologie Nationale - à l'époque on ne parlait pas encore de Météo France - puis au cabinet du Ministre des Transports, Charles Fiterman, de 1981 à 1984. C'est par cette fonction que j'ai découvert le monde de l'aérien et que je me suis pris d'une passion pour ce secteur, que je n'ai ensuite plus quitté.  Chez Air France, par choix, j'ai commencé par un poste très opérationnel : bagages et correspondances à CDG. On ne parlait pas encore de hub, mais c'était déjà un sérieux défi.  J'ai ensuite pris la responsabilité de la négociation des contrats d'assistance aéroportuaire (traitement au sol : enregistrement des passagers et de leurs bagages, chargement de l'avion, nettoyage cabine, entretien en ligne...),  à l'achat comme à la vente. Pendant 5 ans j'ai ainsi parcouru le monde, dans tous les environnements économiques et culturels. Passionnant.

De la négociation commerciale, je suis passé à la négociation sociale, en commençant d'abord par les accords d'entreprise concernant les personnels navigants, avant de prendre comme Directeur Général adjoint Politique Sociale d'Air France la responsabilité globale des ressources humaines de l'entreprise. Mais je n'ai pas survécu longtemps dans cette fonction à la grève des pilotes qui avait précédé de peu la Coupe du Monde de football organisée en 1998 en France. Une vie professionnelle ne se passe pas sans quelques aléas ...

J'ai pris ensuite les fonctions de Directeur Général de l'Aéropostale, à l'époque filiale commune de La Poste et d'Air France. Deux actionnaires à 50-50, et pas d'accord sur la stratégie à suivre. Pas simple... Toujours dans les filiales, j'ai ensuite dirigé Air France Consulting, une petite équipe de professionnels, intervenants en conseil, essentiellement auprès de partenaires du Groupe. J'ai ainsi découvert l'Aeroflot et Moscou, au tout début des années 2000, avec une entreprise et une société en pleine mutation mais encore très marquées par les années soviétiques.
Retour à l'exploitation au début de 2002, avec les fonctions de Directeur du Contrôle des Opérations, le CCO et la gestion de crise. Quatre années passionnantes à vivre avec un horizon de temps immédiat, d'urgence en urgence et de crise en crise. Deux m'ont particulièrement marqué : la crise du SRAS, en Asie, Hong Kong principalement, mais aussi à Toronto. Une épidémie d'une maladie inconnue, dont on ne connaissait qu'imparfaitement les modes de transmission  et dont on pouvait craindre qu'elle ne tourne en pandémie.  Et l'évacuation de près de 5000 ressortissants français et européens, par un pont aérien  entre Abidjan et Paris, lors d'un épisode de très forte tension en Côte d'Ivoire.

Fin 2005, j'ai rejoint ce qui sera mon dernier poste, PDG de Régional, une des deux filiales régionales d'Air France, avec à mon arrivée une flotte très disparate, Saab2000, Fokker 70 et 100, Brasilia et Embraer Regional Jet 135 et 145. Et on s'apprêtait alors à recevoir nos premiers Embraer 190. Gérer une flotte aussi complexe était un casse-tête quotidien, une source permanente de surcoûts et pesait très négativement sur la qualité de notre service. Je me suis donc employé à rationaliser cette flotte autour de deux famille d'avions, Embraer 135/145 et Embraer 170/190, avec deux qualifications de type seulement, et à simplifier le réseau en le concentrant sur les lignes les plus rentables. Mais la crise de 2008 a sérieusement secoué le groupe et en particulier ses filiales régionales. Dans le plan de redressement qui a été mis en œuvre a figuré le regroupement des filiales régionales au sein de Hop !, assurant ainsi une offre commerciale plus lisible pour le client et une meilleure coordination des réseaux. J'ai ainsi travaillé à faire disparaitre mon poste, mais c'était la logique. Je me suis donc retrouvé à la retraite, à 62 ans, un peu plus vite que je ne l'avais imaginé.

Comment as-tu connu Aviation Sans Frontières et quel est ton parcours au sein de l’association ?

Alors que j'étais PDG de Régional, basé à Nantes,  j'ai été approché par Bernard Checcaglini, Délégué régional d'Aviation Sans Frontières et par Jean-Claude Gérin, qui en était alors le Président. Nous avons noué un partenariat  qui a duré quelques années par lequel Régional a apporté son soutien à Aviation Sans Frontières. Je me souviens en particulier de la participation de Jean-Claude à une de nos réunions annuelles de l'encadrement.

C'est ensuite Henri Hurlin qui m'a sollicité quand j'ai retrouvé beaucoup de disponibilité et qui m'a suggéré de prendre des responsabilités au sein de notre association. J'ai ainsi été élu au CA en 2013 et j'ai pris quelques mois plus tard les fonctions de trésorier, avant celle de Président depuis le printemps 2015.

 

En tant que Président et membre bénévole, quels sont les satisfactions d’un tel engagement et quels sont les défis à relever ?

Le rôle d'un Président c'est d'abord de permettre aux autres d'accomplir leur mission, c'est donc un rôle de facilitateur. Ce n'est pas toujours évident, d'autant qu'il lui revient aussi de s'assurer d'une cohérence des actions, de veiller à renforcer notre réputation, notre notoriété et de préserver notre image. Beaucoup de nos missions comportent des risques. C'est vrai évidemment pour les avions, mais aussi pour les accompagnements d'enfants ou les Ailes du sourire et pour les autres missions à des degrés divers. Aussi ai-je beaucoup insisté sur l'enjeu de la maîtrise des risques, au prix parfois de procédures plus lourdes, car il y a tellement à perdre à baisser la garde sur ce sujet. Comme pour tout responsable d'équipe, il me revient également de chercher à résoudre les petits conflits qui peuvent apparaître à l'occasion : notre richesse humaine principale, ce sont les bénévoles, mais cela ne suffit pas à nous mettre à l'abri de toutes les difficultés relationnelles.

A plus long terme, il s'agit d'impulser la réflexion sur les grandes orientations de l'association, qu'il s'agisse de nos missions existantes, de nouvelles missions à développer ou encore de l'évolution de nos ressources, humaines et financières. J'ai déployé beaucoup d'efforts à renforcer et structurer la coopération avec nos homologues en Europe, la grande famille "ASF".  Tous nos partenaires seront à Orly les 4 et 5 mai prochains, y compris les petits derniers, les Canadiens. Cela reste un chantier en cours, mais la démarche porte ses premiers fruits et je reste convaincu que nous avons tous beaucoup à y gagner.

Le rôle du président est  bien évidemment aussi largement tourné vers l'extérieur, représenter l'association, nouer et renforcer des partenariats, rechercher des financements.

La satisfaction que procure cet engagement, outre le plaisir de l'activité quotidienne,  réside essentiellement dans le succès collectif, quand nous faisons la preuve de notre capacité à surmonter les difficultés et à impulser de nouveaux projets. La satisfaction aussi, c'est de recevoir les témoignages, les compliments, les remerciements de ceux pour lesquels nous œuvrons, ou de nos partenaires dans l'action. Compliments, remerciements, qui reviennent à toutes nos équipes.