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Nicole, bénévole à Caen, a découvert que l’engagement bénévole pouvait avoir des ailes
06/07/2018
J'ai une formation dans le social et je suis éducatrice spécialisée. En 1976, je suis venue en Normandie, et j'ai travaillé dans un établissement situé au sein du château de Bénouville avec des enfants handicapés physiques et mentaux, à une période où des changements notables et bénéfiques s'opéraient dans le social, tout ceci dans un contexte d'évolution des politiques sociales. Puis, mon parcours professionnel s'est orienté (toujours dans le social) sur l'accompagnement d'enfants placés en grande majorité par décision judiciaire, dans des familles d'accueil. Les parents étaient dans une grande précarité et bon nombre de ces enfants placés étaient victimes de maltraitance physique ou psychologique.
J'ai connu Aviation Sans Frontières par un ami qui m'a présenté Denis Gautier, responsable de l'antenne des Ailes du Sourire à Caen Carpiquet qui venait de se créer. C'était en 2016. Je n'avais pas de connaissance dans le domaine de l'aviation, j'avais juste pris l'avion comme tout le monde pour voyager. Je venais de prendre ma retraite, et l'idée de faire du bénévolat auprès de personnes handicapées ne me déplaisait pas, bien au contraire. Retrouver le social, aider les enfants et toute personne, en général, me convenait.
Denis m'a proposé d'effectuer un baptême de l'air dans un petit avion autour de la côte. J'ai été bien sûr enchantée. Très rapidement, j'ai rejoint les autres bénévoles dont certains sont pilotes et passionnés par l'aéronautique. Nous entamons la 3e saison des Ailes du Sourire, avec une douzaine de journées de découverte aéronautique programmées.
Les matinées se déroulent ainsi : accueil des participants, explication du déroulement de la journée, présentation de la mission d’Aviation Sans Frontières. Ah, j'oublie le petit déjeuner avec le café, les jus de fruits et les douceurs !
Vient ensuite le moment tant attendu des vols. L'accompagnement des adultes ou des enfants dont la motricité est parfois délicate, les aider à monter dans l'avion et les rassurer sont les grandes étapes.
Puis le retour est une gratification que seuls les enfants ou adultes handicapés savent nous donner. Car au-delà de l'aspect physique ou de la déficience intellectuelle, c’est cet enfant ou cet adulte, qui sourit ou pas, qui parle ou ne parle pas, mais qui sait exprimer sa joie et son bonheur par un sourire. Bonheur d'avoir pu voler et s'échapper des contraintes et des souffrances dont les bénéficiaires des Ailes du Sourire sont victimes au quotidien.
Ensuite pour tout le monde c’est le repas partagé, l'animation, les plaisanteries et les photos. La journée se termine par la visite du hangar où de vieux avions sont restaurés par des personnes passionnées que j'admire, ou par la découverte du camion des pompiers qui fait la joie des enfants. Avant le départ, une photo de famille et la remise du diplôme à tous les participants est de mise. Une journée bien remplie mais riche dans la relation humaine !
Comme je pouvais m'y attendre, au cours d'une journée où nous avons accueilli des adultes en grande détresse adhérant à l’association Advocacy, je me suis trouvée face à une maman dont la petite fille nous avait été confiée. La situation familiale de cette maman était extrêmement complexe et le placement de sa fille très douloureux. Cette maman entretenait à mon égard une animosité. Lorsque je l'ai vue, je me suis empressée de lui dire que j'étais à la retraite et bénévole pour les Ailes du Sourire. Elle a été rassurée et moi aussi. La journée s'est finalement très bien déroulée.
Prochainement, nous allons accueillir des enfants du Foyer de l'Enfance de Caen, âgés de 8 à 10 ans. C'est l'aboutissement de l'intégration des enfants en situation de handicap social. Ces enfants sont issus de milieu très défavorisés et ne sont pas déficients, mais séparés pour des raisons diverses de leurs parents. Je suis très heureuse que les Ailes du Sourire leur offrent une journée avec une expérience qui, pour certains, ne se renouvellera pas.
Merci Denis.