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refugies irak

Aviation Sans Frontières International : mission commune avec LOG pour les réfugiés du Kurdistan irakien

15/10/2018

Aux côtés de nos amis de LOG (Luftfahrt Ohne Grenzen), notre consœur allemande, nous avons participé à une opération d’envoi d’aide d’urgence au Kurdistan Irakien à destination des populations réfugiées. Mary-Anne, Déléguée générale d'Aviation Sans Frontières, était présente lors de la mission de distribution, qui s'est déroulée fin juin dans des conditions difficiles, entre mesures de sûreté permanentes, températures extrêmes et grand dénuement de certains camps de réfugiés. Elle témoigne :

Depuis plus de 4 ans, la situation humanitaire au Kurdistan irakien n'a cessé de se dégrader. 

Peuplé d’environ 6 millions d’habitants, le Kurdistan irakien possède un gouvernement régional autonome et un parlement installés dans la capitale Erbil. C’est une zone de conflit intense impliquant les différents pays limitrophes.

Le Kurdistan s'étend en effet sur quatre pays : la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran.

Dès l’été 2014, les populations fuient l’invasion de Mossoul et de la plaine de Ninive pour se réfugier au Kurdistan. Des milliers de civils abandonnent tout en Irak et en Syrie pour échapper à la mort et aux djihadistes.

Aujourd’hui plus de 2 millions de déplacés vivent dans les camps de réfugiés au Kurdistan irakien.

Cette région du monde est encore loin d’être pacifiée... À Mossoul et à Karakoch, les milices islamistes continuent de semer la terreur et menacent toujours les populations. La dévastation de ces villes est inimaginable. Dans le quartier Ouest de Mossoul tous les immeubles ont été détruits, toutes les infrastructures aussi. Les villages et les villes aux alentours ont aussi été minés. Alors les familles de déplacés, qui ont tenté de revenir chez elle après la chute du régime islamiste, reviennent en masse, et le gouverneur de la province ne sait plus comment gérer ces réfugiés qui se pressent chaque jours aux portes des camps.

 

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cam en irak

La Fondation caritative Barzani, correspondante de LOG (7e mission pour l’équipe allemande à Erbil), est très active dans tout le pays et gère de nombreux camps. Elle s’occupe prioritairement de 4000 enfants déplacés de moins de 3 ans. L’avenir de tous ces enfants est au cœur des préoccupations de la Fondation Barzani et de nos amis de LOG. 

24 Juin 2018 : je rejoins l’équipe allemande à Vienne. Elle est composée de Frank Franke, le President de LOG, Mikael informaticien, Markus, responsable de missions humanitaires et Helmar, réalisateur et journaliste.

À l’approche d’Erbil, Frank m’explique que l’avion descend lentement en effectuant pendant très longtemps de grands cercles au-dessus de la ville : c’est pour se signaler et éviter les missiles.

Une délégation de la Fondation nous attend à l’aéroport pour faciliter notre arrivée avec les autorités et éviter des heures de contrôles. Notre Hôtel se trouve au cœur du  « nouvel Erbil », cette ville en pleine construction que certains qualifient même de « futur Dubaï ».  Un peu partout de grands malls à l’américaine, des boutiques, des restaurants…Il y a même un supermarché Carrefour. À l’entrée de l’hôtel, le dispositif de sécurité est impressionnant, agents privés, militaires en armes, chiens pour la fouille des bagages, fouille des passagers. Les Consulats de Grande Bretagne et du Canada s’y sont installés pour des raisons de sécurité, comme tous les autres services diplomatiques qui ont pris place dans les grands hôtels du quartier depuis la fin de la guerre.

Nous allons rencontrer le directeur de la Fondation pour préparer la mission.

25 Juin 2018

7H : La chaleur est déjà étouffante. Nous partons en convoi sécurisé pour Hassan Sham, l’un des camps bénéficiaires de l’aide situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Mossoul. Entre les nombreux check points que nous devons franchir, les chauffeurs roulent très vite. À chaque contrôle, nous devons cacher nos portables. La route est bordée par des lances roquettes, et des villages en ruine. Au loin, les montagnes désertiques. Après 2 heures de route, nous apercevons Hassan Sham, petit village au bord de la route. Il est entièrement détruit. Nous le traversons et arrivons tout de suite au camp, qui s’est ouvert juste à côté. Derrière les grillages, des visages d’enfants, visages marqués et regards absents et des tentes, à perte de vue…

 

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jeune garçon irakien

C’est la période des vacances. 

Pour les enfants, comme pour les adultes, l'isolement et l'inactivité s'ajoutent aux traumatismes de la guerre :

«  Les gens ont tout perdu, nous explique Omar, un des responsable de la Fondation, leurs maisons ont été détruites, ils sont dans un total dénuement. La Fondation les a pris en charge, donne du travail aux hommes et envoie les enfants à l’école pour les aider à vivre et réparer leurs blessures. La plupart des encadrants sont des déplacés et vivent dans le camp, nous souhaitons responsabiliser les déplacés et utiliser au mieux leurs compétences pour leur redonner un peu de dignité »

Un nombre stupéfiant d’enfants se précipite vers les voitures. Certains s’accrochent à nous ne nous quitteront pas de toute la visite...

 

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Mary-anne et les enfants

Le directeur du camp et son équipe nous accueille. Nous parlons de la distribution du lait. Nous convenons, pour des raisons d’hygiène et compte tenu de l’extrême chaleur, que le lait sera donné en priorité aux enfants malades de l’hôpital du camp qui est géré par une ONG.

Nous évaluons les besoins urgents pour revenir dans deux jours avec un premier chargement d’aide.

15h : retour en convoi à Erbil. Nous sommes reçus avec Frank au Parlement par le Gouverneur et son cabinet.

Il nous explique la situation problématique du Kurdistan irakien. Depuis la fin de la guerre, ils se sentent abandonnés par la Communauté Internationale. Ils doivent gérer seuls maintenant les problèmes des déplacés qui vivent dans les 57 camps au Kurdistan. Notre présence est très appréciée, et le gouverneur nous remercie chaleureusement pour notre soutien.

 

26 juin 2018 : sous un soleil d’enfer, nous attendons sur le tarmac de l’aéroport d’Erbil, l’avion-cargo en provenance d’Azerbaïdjan.

L’avion arrive enfin avec plus de 2 heures de retard, les soutes sont remplies, 20 tonnes sont déchargées… Je vois enfin les palettes de sacs de lait arriver.

 

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Marry-anne et les soutes

L’aide va être livrée quelques jours plus tard pour les enfants de Mossoul, de Karakosh, pour les camps d’Hassan Sham et de Barca.

Le gouverneur a fait le déplacement avec les forces de sécurité. Sur le tarmac, au pied de l’avion, une conférence de presse est organisée. TV, radios, journaux, une dizaine de journalistes couvrent l’évènement. Avec le directeur de la Fondation, le Gouverneur souligne combien l’aide apportée par LOG et Aviation Sans Frontières destinée aux familles démunies des camps est cruciale et combien notre lait est vital pour les 4 000 enfants de moins de 3 ans.

27 juin 2018

La température est de 55°C ! Nous partons pour le Nord de l’Irak vers le camp Barca. Avec les nombreux contrôles de sécurité sur la route, nous mettons plus de 3 heures pour rejoindre le camp. Les chauffeurs sont très tendus et roulent en convoi à vive allure. Ils se parlent sans cesse avec leurs radios. La veille, un convoi sur la route de Mossoul s’est fait attaquer par les milices de Daech qui sévissent dans toute la région. Il n’y a eu aucun survivant.

Notre visite de Mossoul et de Karacoch le lendemain semble compromise… Il y aura un NO GO de la part des autorités, nous n’aurons même pas le droit d’aller dans le centre historique d’Erbil. Nous resterons confinés dans notre hôtel-forteresse, oasis de paix au milieu du chaos…

Nous arrivons au camp de Barca. La chaleur est suffocante. 3 enfants s’approchent de nous. Un d’entre eux est pieds nus.

Nous lui demandons pourquoi il marche sans chaussure sur le béton brulant, il lève les épaules et nous répond timidement : « je n’ai pas de chaussures ».

 

Au retour nous décidons d’aller faire les courses au Carrefour d’Erbil : nous dévalisons les rayons. Des chaussures, claquettes et tongs en tous genres s’entassent dans les chariots, mais aussi des casquettes, tee shirts…  Nous faisons aussi une razzia au rayon jouets. Les chariots débordent de poupées Barbie, de petites voitures et de ballons. 

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Supermarche d Erbil

Le chargement sera distribué aux enfants le lendemain par la Fondation Barzani.

Dans  la maison commune du camp de Barca, les différentes communautés apprennent à se rencontrer.  Mickael, le responsable allemand de la mission informatique est fébrile. Dans la salle principale de la maison, la classe, préparée lors de sa dernière mission, va pouvoir démarrer. 15 ordinateurs sont installés sur les tables. Préparation, mise en réseau, premier test… Ça marche ! Des jeunes femmes voilées s’approchent des tables. Des éducateurs du camp les accueillent et les installent devant les écrans. Elles commencent avec curiosité et amusement à taper et essayent timidement d’écrire leurs prénoms. Mikael  très ému et fier de cette mission s’assoit autour d’elles pour leur donner un premier cours.

Le manager avant notre départ insiste :

« Il y a des familles ici, notamment des femmes qui n’ont plus de maris, avec beaucoup d’enfants et elles n’ont rien pour vivre. Elles ne reçoivent même pas d’argent du HCR. C’est très dur pour elles, il faut les aider. »

 

20h30 : Chaude ambiance au German Bar dans le quartier chrétien d’Erbil : ce soir se joue un match de Coupe du Monde décisif pour l’Allemagne. Des dizaines d’expatriés allemands assis en plein air devant les écrans géants sont venus soutenir leur équipe avec force de bières et sons de trompes.

Attablés avec le patron du bar, chapeaux aux couleurs de l’Allemagne sur la tête, Mikael, Markus, Helmar et Frank suivent fébrilement le match. À 23h, l’ambiance se fige : l’Allemagne vient d’être éliminée. Frank remet les choses à leur place : « Mais quelle importance à côté de ce que nous vivons ! »

 

28 Juin 2018

La chaleur est accablante.

Nous partons visiter un des quartiers du camp des déplacés. Une petite fille s’appuie contre la barrière, seule. Elle a 10 ans, son nom est Rugaya.

 

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petite fille irakienne

Elle est arrivée à pieds dans le camp avec sa grand-mère qui n’est plus là. Elle est maintenant toute seule. En une nuit, elle a perdu ses parents et ses 6 frères et sœurs dans un bombardement à Mossoul. Son regard est sombre et elle ne sourit jamais. Notre ami Omar traduit la conversation, elle a du mal à s’exprimer. Elle est toujours profondément triste, sa famille lui manque. Nous nous demandons tous quelle sera sa vie et son avenir. Elle va vivre de longues années dans ce camp car les zones de conflits ne vont pas être pacifiées avant longtemps.

Nous assistons ensuite à la première distribution de l’aide. Les familles en rang se pressent et viennent chercher les cartons auprès des responsables du camp. 

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les familles attendent

Le lait n’arrivera pas avant la fin de la semaine, il sortira du laboratoire et le ministère de la Santé donnera l’accord pour la distribution.

Le directeur de la Fondation et la presse on fait le déplacement pour l’inauguration de la première classe informatique du camp d’Hassan Sham

Frank est très satisfait : « Ces gens ont perdu tout espoir, nous sommes convaincus que l’éducation, l’apprentissage de l’ordinateur, l’ouverture au monde via internet, est un premier pas vers l’autonomie pour ces enfants qui vont peut-être encore rester des années dans ce camp, on ne sait pas ! Mais c’est extraordinaire de les voir tous là. Ils sont affamés d’apprentissage, de découvertes qui leur permettent de rêver l’avenir. Ouvrir une classe informatique dans un camp, c’est une première ! Les personnes formées dans le camp vont pouvoir leur apprendre. Nous allons revenir.  »

 

En rentrant vers le bureau du manager au détour d’un chemin, j’aperçois un petit garçon seul devant sa tente. 

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petit chanteur

Magie de l’enfance, il chante. Sa douce voix monte, comme une lueur d’espoir au milieu de cette désolation. 

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