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Fret Humanitaire : Interview de Sébastien Bonijol de RFI

04/04/2017

Le Fret Humanitaire achemine pour le Club RFI le matériel nécessaire à la mise en place de stations de radio dans des camps de réfugiés. Sébastien BONIJOL, de la direction des Etudes et Relations avec les Auditeurs de RFI, répond à nos questions :

 

  • Qu’est-ce qu’un Club RFI ?

Les Clubs RFI existent depuis 1995 et sont des regroupements spontanés d’auditeurs pour la plupart des jeunes très attachés à la radio. Ils rassemblent aujourd’hui près de 100 000 membres sur tous les continents. Un service des relations auditeurs les accompagne à travers un soutien organisationnel et logistique et leur donne la parole chaque semaine dans l’émission animé par Eric Amiens le Club RFI diffusée le samedi soir.

 

  • Que font-ils ?

Une fois qu’ils ont signé la charte des Clubs RFI, c’est-à-dire une ligne de conduite garantissant indépendance, honnêteté, neutralité et respect, ils s’organisent au niveau local autour de plusieurs thématiques : la francophonie, la santé, l‘environnement, le sport et des actions humanitaires.

Concrètement, ils s’organisent et mettent en place des actions sur le terrain comme du soutien scolaire, des concours d’orthographe, des cours d’alphabétisation, des campagnes de sensibilisation sur le sida, rendent visites aux enfants malades, organisent des sorties culturelles, des campagnes de reboisements et des tournois sportifs. Et depuis 2013 en étroite collaboration avec le HCR (le Haut-Commissariat aux réfugié), RFI a installé des Clubs RFI dans des camps de réfugiés.

Le 1er qui s’est créé à la demande des réfugiés centrafricains dans le camp de Molé en République démocratique du Congo (dans la région de l’Equateur, non loin de Bangui.) Quelques mois plus tard, un autre club RFI s’est ouvert dans un camp de réfugiés burundais et congolais à Nyarugusu en Tanzanie,et l’année dernière c’est le Club RFI de Gado Badgere au Nord Est du Cameroun qui a vu le jour.

 

  • Quelles sont les activités menées dans le camp ?

La création de ces clubs a pour objectif d’accompagner les réfugiés en soutenant des opérations éducatives comme des cours de langues locales, culturelles comme le développement d’une chorale, environnementales, des opérations de pacification autour de débats et bien évidemment tous ce qui a trait à la santé et les difficultés que l’on peut rencontrer dans un camp, mais aussi des opérations sportives comme l’organisation de tournoi de foot...

 

  • Ce que cela apporte ?

Ces différentes activités ont permis de redonner de l’espoir à des milliers de jeunes réfugiés forcés de fuir leur pays. Et pour eux fuir leur pays signifie également abandonner l’école et leurs études, même si des écoles existent dans les camps et assurent des formations avec l’UNICEF. A travers ces occupations ils ont pu reprendre une activité intellectuelle, se regrouper entre eux, partager leur expérience et se sentent un peu plus utiles. La création de Clubs RFI est un projet porteur et positif axé sur des valeurs de tolérance et d’ouverture afin d’apporter un peu d’espoir et leur permettre de lutter contre l’oisiveté, qui est le principal fléau dans ces camps.

Nous nous sommes rendus à Lusenda en République démocratique du Congo pour inaugurer un 4e club RFI dans un camp de réfugiés regroupant près de 26 000 Burundais, projet initié et coordonné par les deux présidents de Clubs RFI de la région : Alain Bazhisi de Bukavu en RDC, et Epipode Nabyakaré de Bujumbura au Burundi qui nous ont accompagnés lors de cette installation. Ils y retournent régulièrement pour assurer la mise en place et des formations.

Depuis, plusieurs ONG se sont greffées à ce projet, qui prouve s’il en était besoin, que cette initiative a du sens, dont Aviation Sans Frontières qui nous accompagne dans cette démarche, et qui avec cet appui logistique facilite grandement la réussite de ce projet. Car au-delà de l’installation de ce Club RFI dans ce camp, d’autres projets se sont créés comme l’installation d’une radio communautaire dans le camp, avec le matériel fourni par RFI Planète et acheminé par Aviation Sans Frontières.

La radio est un moyen de communication à faible coût, particulièrement adapté pour toucher les communautés isolées et les personnes vulnérables comme la population des réfugiés. D’ailleurs, l’un des objectifs du Club RFI est justement le désenclavement de la communauté des réfugiés de par l’écoute de notre radio. Teddy Banenga, l' un des membres fondateurs du Club RFI dans ce camp de Molé qui nous confiait que « les réfugiés écoutent la radio toute la journée et cela leur met du baume au cœur de voir que l’on parle d’eux à des milliers de kilomètres et de s’entendre le samedi soir ici dans le camp. »

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Un réfugié centrafricain, du camp de Molé interrogé par Félix Kabena, le Président du Club RFI de Kinshasa, nous signifie l’importance de la radio et de ses bienfaits dans ces zones reculées : « Nous sommes connectés sur le Monde et cela nous fait du bien ».

Un autre témoignage d’un des membres du Club RFI de Gabo Badjere, un camp de réfugiés au Nord du Cameroun, rappele l’importance de la radio qui, au-delà de rompre l’isolement, et aussi un moyen d’information et donc d’ouverture : « Beaucoup de réfugiés écoutent RFI, ils sont sensibles aux questions d’actualités et c’est un lien essentiel avec le Monde."

"La radio, en plus du fait qu’elle aide les réfugiés à se sentir moins seuls peut aussi divertir, elle est porteuse d’espoir à cette communauté qui se sent, à travers elle, en symbiose avec leurs compatriotes éparpillés dans la Sous-région d’Afrique centrale et ceux qui sont restés au pays." nous précisait Michel Makasi, un des représentants du personnel du HCR en République démocratique du Congo.

Comme on vient de le voir à travers différents témoignages des membres des clubs RFI vivant dans des camps de réfugiés, l’écoute de la radio dans ces zones reculées a permis de rompre l’isolement, d’être un soutien moral et de redonner un peu d’espoir à ces populations vulnérables, "c’est pour eux un lien avec le Monde" comme nous l’a dit tout récemment Céline Schmitt, la porte-parole du HCR.

Un autre projet toujours dans le camp de Lusenda via une collecte en interne à France Médias Monde va permettre l’installation d’une Bibliothèque dans le camp, ainsi qu'une ludothèque et un centre informatique. Encore une fois toutes ces créations de clubs RFI n’auraient pu le jour sans le soutien et la collaboration des équipes du Haut-commissariat des Réfugiés.

 

crédit photos : © RFI

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