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NOTRE HISTOIRE
L'histoire d'Aviation Sans Frontières
Le 8 septembre 1968, deux pilotes d’Air France, Jean-Marie Chauve et André Gréard, assistés par le mécanicien navigant, Michel Diou, en provenance d’Orly posent leur Super Constellation L 1049G, le F-BRAD, sur le tarmac de Libreville.
Le quadrimoteur transatlantique transformé en cargo, mis à disposition par Air Fret, transporte 10 tonnes de vivres et de médicaments destiné au Biafra dévasté par une guerre civile soumis à un rigoureux blocus.
Ce vol est le début d’un pont aérien de plusieurs semaines pour relier chaque nuit Libreville à Uli dont la piste n’est qu’une route éclairée par des goose-necks (lampes à huile),
Cette opération, coordonnée par la Croix-Rouge française, menées par plusieurs équipages volontaires, les premiers "pilotes sans frontières", a permis d’acheminer 300 tonnes de denrées d’urgence pour atténuer l’effroyable famine et de rapatrier vers le Gabon des centaines d’enfants décharnés voués à la mort dans ce véritable enfer.
Survol d'un village du Biafra
© Photo Eric Gaba
le F-BRAD, Super-Constellation L1049G, lors de son dernier vol vers Nantes
© Photo Steve Williams
Après cette première mission, d’autres opérations similaires se succèdent, tel qu’au Bangladesh en 1972, au Sahel en 1974 et en Haute Volta (actuel Burkina Faso) en 1979. Rien n’est alors structuré et ces interventions s’organisent de manière spontanée et artisanale
Face à ces élans de solidarité, un pilote d’Air France, Gérald Similowski, cherche “désespérément à (se) rendre utile” et imagine de créer une structure afin de regrouper les moyens de l’aérien et les bonnes volontés pour accompagner les ONG et répondre à leurs besoins de déplacement et d’acheminement sur le terrain.
Il décide d’en parler à André Gréard qui préside alors le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL). Ce dernier accueille cette idée avec beaucoup d'enthousiasme et Gérald Similowski, appuyé par d’autres pilotes d’Air France, notamment Alain Yout, transmet un questionnaire à l’ensemble du personnel navigant des compagnies aériennes. Le message est concis et interpellant : « Pourquoi ne pas donner quelques jours de vacances pour la bonne cause ? ». Ils reçoivent plus de 800 réponses et décident de se structurer en association.
Leur intuition les conduit vers Médecins Sans Frontières pour leur proposer leurs compétences. Leurs discussions aboutissent rapidement à un partenariat au service de l’humanitaire. Le 4 mars 1980 l’association “Aviation Sans Frontières” voit ainsi le jour.
Son fondateur précise “On aurait pu s’appeler pilotes sans frontières mais cela aurait été trop réducteur. Dès nos origines, nous avons souhaité impliquer tous les personnels de l’aviation, les volants comme ceux au sol.”
L’ADN de l’association est rapidement constituée : “une association humanitaire complémentaire des autres associations, et spécialisée dans le transport aérien”.
1980 - notre mousquetaire en Ouganda avec Christian Siméoni.
La première mission “Avion léger” s’organise fin 1980, en Ouganda au profit de Médecins Sans Frontières.
À partir de là, pilotes et mécaniciens de l’humanitaire vont se mobiliser au service des plus démunis à travers le monde.
Ce sera ainsi le cas au Honduras en 1981 (100 heures de vol, 200 passagers, 8 tonnes de médicaments), au Zaïre en 1982 (420 heures de vols, 500 passagers, 10 tonnes de médicaments) et en République centrafricaine en 1982 (294 heures de vol, 330 passagers, 12,5 tonnes de médicaments).
Un peu pêle-mêle on retrouve l'implication de partenaires
Un N262 de l'ENAC St Yan pour un pont aérien de 5 semaines au Burkina-Fasso
Un Vanguard d'EAS pour le tremblement terre de 1980 à El Asnam en Algérie.
Un 707 AF (décoconné pour l'occasion) pour Phnom Penh (encore fermé à la circulation aérienne)
Un 747 AF pour Addis Abeba pour lutter contre la famine en Ethiopie
Un Airbus d'Air Inter pour Naples à l'occasion du tremblement de terre de 1980
Un Airbus d'Air Inter pour Erevan pour le tremblement de terre de 1988
A multiple reprises (13 ou 14 fois) le Transall de la postale pour le bassin méditerranéen de 1980 à 99
Notre Britten Norman BN2 F-ODSF en 84 en opération au Tchad
La rencontre d'une navigante d'Air France et d'un couple, sur le point d'adopter un enfant haïtien, donne naissance à une nouvelle mission. La navigante leur propose d'utiliser ses billets à tarif réduit, pour faciliter la venue de l'enfant en France. C'est ainsi, qu’en 1982, Aviation Sans Frontières crée la mission "Les Cigognes", rebaptisée plus tard "Accompagnement d'Enfants Malades".
Aujourd’hui, Aviation Sans Frontières prend uniquement en charge des enfants nécessitant des soins en urgence.
En 1985, quelques jours après l’installation d’Aviation Sans Frontières dans ses premiers locaux, un colis est déposé sur une table avec une demande d’acheminement. Un des commandants de bord se charge de l’envoi et déclenche, sans s’en douter, une nouvelle mission. C’est ainsi que la mission “Pélicans” voit le jour. Elle sera rebaptisée “Colisage” en 1991, puis “Messagerie Médicale” en 2008.
Le “Fret Humanitaire” est créé cette même année afin de permettre les acheminements ne répondant pas aux normes imposées par la “Messagerie Médicale” (10 colis de 8 kg par vol de matériels médical et de médicaments uniquement).
Le 21 décembre 1989, notre Britten Norman F-OGSM est abattu au Soudan du Sud (AWEIL).
À son bord se trouvent Yvon Féliot, pilote d’Aviation Sans Frontières, Jean-Paul Bescond, médecin, et Laurent Fernet, logisticien, travaillant tous les deux pour Médecins Sans Frontières (MSF) ainsi que Frazer Ariyamba, technicien du Programme alimentaire mondial (PAM). Aucun d’entre eux ne survit.
En 1994, en mission au Cambodge, notre Cessna 206 reçoit un projectile touchant mortellement l’ingénieur agricole malaisien assis à côté du pilote.
En 1994, Aviation Sans Frontières crée sa première mission réservée exclusivement à la France, “Les Ailes du Sourire”.
L’objectif de cette mission est de permettre à des personnes souffrant de handicap de réaliser leur rêve : voler.
La mission s’est rapidement développée et a émargé sur la création de trois délégations régionales : Occitanie-Toulouse en 1999, Sud-Est en 2000 et Ouest en 2003.
En 2006, l'ONG signe un partenariat avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) afin d'accompagner des réfugiés dans leur nouveau pays d'accueil. C'est ainsi que débute, en 2007, la mission "Accompagnement de Réfugiés".
Les premiers réfugiés que les accompagnateurs bénévoles d’Aviation Sans Frontières prennent en charge sont des Bhoutanais contraints, dans les années 1990, de quitter leur pays suite de l'application d'une loi sur la citoyenneté empêchant les personnes d'origine népalaise de vivre au Bhoutan.
En 2007, Aviation Sans Frontières crée sa seconde mission en France, “e-Aviation”.
Son objectif est de sensibiliser les jeunes des associations ainsi que les élèves du primaire, des collèges ou lycées à l'environnement aéronautique, aux métiers et aux filières qui y conduisent.
Cette journée de rencontre permet également aux jeunes de découvrir le pilotage d'un avion à travers l'utilisation du logiciel Flight Simulator.
Au fur et à mesure de son développement, l’ONG a su se positionner comme un maillon essentiel de la chaîne humanitaire.
C’est ainsi, qu’en 1993, l’action d’Aviation Sans Frontières est reconnue d’utilité publique en France.
En 2005 l'ONG devient , un partenaire du Conseil économique et social des Nations unies.
En 2012, Aviation Sans Frontières est la première ONG à obtenir un CTA (Certificat de Transport Aérien) européen.
En 2014, Aviation Sans Frontières devient partenaire de la Direction Générale Aide Humanitaire et Protection Civile de la Commission européenne.
En 2015, Aviation Sans Frontières a déployé ses activités en Guinée pour participer aux opérations de lutte contre le virus Ebola. L’ONG devient alors le seul opérateur à transporter des humanitaires jusqu’aux régions contaminées, étant également en capacité de transporter des personnes infectées grâce à une civière à pression négative, spécialement conçue pour cette opération.
En 2020, dans le cadre de la crise sanitaire liée au Covid-19, l'association lance une plateforme internet de soutien aux personnels soignants pour leur permettre d’être transportés au plus près des établissements saturés des zones les plus fortement touchées.
En 435 heures de vol, plus de 420 passagers ont pu être transportés rapidement et confortablement en avion à travers la France. Pour ces opérations exceptionnelles, 26 opérateurs différents ont été utilisés ainsi que 65 terrains en France, en Suisse, au Luxembourg et au Royaume-Uni.
Dans la foulée ne pas oublier les PNC
En 2021, Aviation Sans Frontières est décorée de la Médaille de l’Aéronautique au titre de la promotion du 1er janvier 2021. Cette distinction est un symbole fort pour l'association, puisqu’elle couronne les efforts de l’ensemble de nos bénévoles.