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Bangui 24 decembre

Noël sur le terrain: un de nos pilotes en mission à Bangui raconte

21/01/2016

Julien est parti à Bangui pour réaliser sa première mission avec Aviation Sans Frontières. Il nous livre le récit d'une journée un peu particulière...

Réveil 5 h 30

"Il est 5h30, le réveil sonne mais les premiers rayons du soleil éclairent déjà la chambre de l’hôtel Oubangui. J’ouvre la fenêtre pour profiter de la fraicheur matinale qui ne durera pas. Une demi-heure plus tard, je retrouve Christophe, le commandant de bord, et Alain, le chef de mission, autour d’un petit déjeuner.

Avant de partir, il nous faut passer au bureau, qui se trouve au rez-de-chaussée de l’hôtel, pour imprimer les dernières informations météo et les NOTAM (Notice To Air Men - informations pour les pilotes qui donnent les indications sur l’état des différents aérodromes). En cette journée de décembre, début de la saison sèche, il fait beau et les NOTAM indiquent que tous les vols prévus sont réalisables : un premier vol de Bangui à Mobaye, un deuxième de Mobaye à Bangassou puis le vol retour vers Bangui.

Pour arriver à l’aéroport il est nécessaire d’emprunter la route qui traverse le « marché Combattant », un quartier qui a été témoin de tensions et de violences il y a quelques semaines. Actuellement, des casques bleus sont postés à l’entrée et à la sortie du marché, dans des véhicules blindés lourds. Le climat semble serein, il est 7h et de nombreux enfants courent dans les rues, certains d’entre eux se rendant certainement à l’école.

A l’aéroport, nous nous répartissons les tâches d’une manière déjà devenue naturelle. Aujourd’hui, Christophe se chargera de préparer l’avion et de s’assurer que tout est en ordre au niveau technique. Quant à moi, je passe au bureau de piste déposer les plans de vol du jour et actualiser les informations météo auprès d’un prévisionniste : il fait très beau et ça devrait rester le cas toute la journée malgré des brumes sèches dans l’après-midi qui réduiront la visibilité. Parfait.

Le parking des avions est en effervescence. Les personnels des différentes ONG et compagnies aériennes s’affairent pour préparer et charger les avions. Le camion de carburant remplit les réservoirs à un rythme effréné. Tout le monde veut être prêt au plus vite pour accueillir ses passagers et partir à l’heure. De notre côté, nous ajoutons 540 litres de kérosène dans les réservoirs de notre Cessna Caravan.

 

7h45, tout est prêt


Pendant que des bagagistes arrivent pour charger 200 kg de fret et des bagages dans la soute, un minibus dépose au pied de l’avion les cinq passagers que nous attendions. Ceux-ci appartiennent à des ONG qui ont effectué les réservations auprès du Service Aérien Humanitaire des Nations Unies, avec qui nous travaillons en partenariat depuis quelques jours.. Chacun se rend compte de la chance de bénéficier de ce moyen de transport exceptionnel qu’est l’avion : le trajet de Bangui à Mobaye que nous allons effectuer prendrait environ une semaine en voiture, avec tous les dangers qu’un long trajet par la route comporte en Centrafrique. Temps de vol prévu aujourd’hui : 1h45.

La répartition des tâches entre les deux pilotes est définie précisément dans les manuels de la compagnie et en général nous alternons un vol sur deux : sur ce premier tronçon, je serai en charge du pilotage et de la trajectoire de l’avion, Christophe s’occupera quant à lui du suivi de la navigation et des communications avec le contrôle aérien. Sur l’étape suivante, ce sera l’inverse.

Après avoir décollé de Bangui face au Nord, virage à droite pour prendre une route plein Est et monter vers une altitude de 4 200 mètres. Après quelques minutes, nous franchissons la rivière Oubangui qui marque la frontière avec la République démocratique du Congo que nous survolerons pendant la quasi-totalité du trajet.

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paysage vue du ciel

Sous nos ailes, des paysages de forêt équatoriale à perte de vue. Quelques routes et de rares habitations viennent ponctuer cette immensité.

Les échanges avec les contrôleurs et les autres avions, la surveillance des paramètres et les calculs permettant de surveiller la consommation de carburant rythment les actions des pilotes dans une musique où chacun sait précisément ce qu’il a à faire. Une fois notre destination en vue, nous effectuons un survol de la piste en latérite, cette terre rouge compacte et parfois très poussiéreuse. Cela permet de vérifier qu’elle est en bon état, qu’il n’y a pas un troupeau de zébus qui a décidé d’y élire domicile et que les casques bleus de la MINUSCA sont présents.

Une fois au sol et arrivés au parking, la population nous réserve un accueil très chaleureux. Les enfants sont curieux, parfois inquiets devant cet oiseau de métal. Un signe de la main et tout le monde nous salue en cœur. Les gens sont souriants et d’une grande gentillesse. Il est difficile d’imaginer que ce pays puisse être un lieu de violents affrontements.

Chaque personne qui embarque passe par une formalité de rigueur, monter sur la balance. La pesée des passagers et de leurs bagages permet en effet d’établir un centrage précis de l’avion, mais c’est aussi l’occasion de franches rigolades pour beaucoup d’entre eux.

Etape suivante, Bangassou où des fûts de 200 litres de kérosène permettent de se ravitailler, puis retour à Bangui en milieu d’après-midi. Après avoir rangé et protégé l’avion, déjeuné au fast-food libanais qui nous sert de cantine, renseigné les différents documents et systèmes informatiques permettant le suivi technique de l’avion et le contrôle de l’exploitation, il fait presque nuit. Quelques rats se battent ou jouent dans le faux plafond du bureau.

La mission du jour est remplie : 17 passagers transportés, 200kg de fret qui alimenteront les associations humanitaires de Mobaye et Bangassou. Nous passerons le réveillon sur la base d’une ONG italienne, à déguster des pasta et à rire aux blagues de Corrado. A Bangui aussi, ce soir, c’est Noël."

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avion piste brousse

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