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Maurice Clergeot

Portrait : Maurice Clergeot, mécanicien bénévole aux Missions Avions

07/02/2017

Il est un hymne à la vie que l’on se plaît à écouter dans une époque déroutante où les Cassandre ont la cote. Avec sa bonne humeur et son panache, Maurice Clergeot savoure chaque instant de son existence. Ingénieux, il a fait de ses mains les maîtres d’œuvre de toutes sortes de créations nées de son imagination. Curieux, il aime se cultiver et arpenter le monde et ses chemins de traverse. Attentif aux autres, il met son expertise au service de l’humanitaire. Voilà maintenant plus de vingt ans que cet ancien mécanicien d’Air France a rejoint l’équipe de bénévoles d’Aviation Sans Frontières. Rencontre.

« Issu d’une famille modeste, j’ai commencé à travailler à treize ans et demi, ce qui était très courant dans les années 50. J’ai très tôt pris conscience que je n’allais pouvoir compter que sur ma volonté et mes propres capacités pour m’en sortir. Mes parents, ouvriers agricoles, n’avaient pas les moyens de me payer des études. Je me suis donc rapidement retrouvé sur le marché du travail. J’ai d’abord réparé des machines agricoles dans un atelier de Coulommiers (Seine et Marne), où j’ai passé un CAP pendant deux ans, avant de rejoindre un garage qui faisait de la réparation de toutes sortes de véhicules : de la voiture au poids lourd en passant par le bus. J’avais un patron qui était vraiment bien puisqu’il m’a aidé à évoluer. J’ai pu passer un Brevet professionnel d’électromécanicien diéséliste. Tout ça sur mon temps libre.

Devenu jeune adulte, j’ai été appelé pour faire mon service militaire. Refusant d’aller en Algérie, je me suis porté volontaire pour partir en outre-mer. En signant, je ne savais pas du tout où j’allais me retrouver. Serait-ce en Polynésie ? Dans les Antilles ? En Guyane ? Finalement, j’ai été envoyé à Dakar. J’y ai passé plus de deux ans dans un garage pour y réparer différents véhicules militaires. J’en garde d’excellents souvenirs. Toujours volontaire pour participer à toutes sortes de missions, j’ai pu voyager dans tout le pays. Avec une bande de copains, nous avions même créé un journal à l’intérieur de la base dont j’étais le photographe. Ça n’avait rien à voir avec l’idée que l’on peut se faire de l’armée.

De retour à Coulommiers, j'ai retrouvé le garage qui m'avait embauché. J'ai décidé de devenir moniteur pour la Croix-Rouge et également d'apprendre à piloter. Comme je donnais des coups de main pour l’entretien et la réparation des avions du club, j’ai pu, en échange, bénéficier d’heures gratuites de pilotage. C’est comme ça que j’ai pu obtenir ma licence de pilote privé.

Dans la vie, j’ai eu beaucoup de chance. Un jour, au cours d’une discussion, un client du garage avec qui j’avais sympathisé m’a parlé d’un de ses cousins qui était contremaître à Air France. Une campagne de recrutement allait bientôt être lancée pour intégrer les équipes au sol de la compagnie. Je savais que je n’avais aucun avenir dans ce garage et l’idée de rejoindre la compagnie m’enchantait. Comme il fallait passer un concours, qui nécessitait une grande préparation, son cousin m’aidait et me conseillait dans les révisions.

Admis, j’ai donc rejoint la compagnie en 1967 où j’ai travaillé sur des équipements électriques dans un atelier et également sur des avions comme la Caravelle et le Boeing 707. J’ai toujours refusé de prendre davantage de responsabilités dans la compagnie car je considérais que plus j’en acceptais, moins je disposais de temps libre.

J’ai toujours aimé travailler de mes mains et je passais mes journées de congé à fabriquer toutes sortes de choses. Pendant dix ans, j’ai ainsi construit un voilier avec un ami. Comme le chantier était à Dakar, je faisais régulièrement l’aller-retour entre la France et le Sénégal. Mis à l’eau en 1984, le bateau nous a permis de vivre de fabuleuses aventures sur les mers et les océans du globe. Nous avons traversé l’Atlantique avant de faire le tour de l’Amérique du Sud et de rejoindre la Polynésie.

La retraite venue j’ai alors rejoint Aviation Sans Frontières, grâce notamment à Joseph Szymczack qui fut mécanicien dans l’association. A peine arrivé, je suis parti en 1996 en mission en Angola. Le début de grandes aventures dans l’association. Ça fait maintenant vingt ans que je suis dans l’association, où j’ai également réalisé des convoyages d’enfants malades, et j’ai gardé de merveilleux souvenirs de toutes ces années passées. Il y règne une solidarité que l’on ne retrouve pas dans les entreprises. C’est ça qui est fabuleux.

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Maurice AE

Si j’ai pu faire tout ce que j’ai fait, c’est aussi grâce à mon épouse que je tiens à remercier parce qu’elle m’a toujours soutenu dans mes projets. J’ai eu une belle vie et j’ai su profiter de chaque instant qui m’a été donné. J’ai d’ailleurs toujours fait mienne cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Il vaut mieux vivre ses rêves que rêver sa vie ». »

Maurice

 

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