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Réfugiés du Kurdistant

De l'enfer du Kurdistan Irakien jusqu'en France

12/11/2014

Aviation Sans Frontières escorte 7 personnes persécutées par Daech

L'Airbus A320 d'Austrian Airlines qui nous amène à Erbil, arrive au-dessus de la ville à haute altitude. Cette procédure d'approche est adaptée aux circonstances, en raison des combats entre djihadistes et forces gouvernementales qui se déroulent à quelques dizaines de kilomètres seulement de cette ville du Kurdistan Irakien située à 80 km de Mossoul. L'avion effectue une descente rapide en décrivant des cercles au-dessus de la piste puis s'arrête devant une aérogare immense qui semble désertée.

Plusieurs checkpoints, doublés de chicanes, sont installés afin de contrôler la route qui mène de l'aéroport au centre-ville. Malgré ces postes militaires, on ne ressent aucune tension ou crainte particulière. La cité est calme et même animée avec un trafic routier important.

La correspondante du Consulat Général de France reçoit le responsable des Accompagnements de Réfugiés d’Aviation Sans Frontières afin qu’il rencontre la famille à prendre en charge. Sept personnes au total. Il y a Tahsseen l'aîné (29 ans), son frère Salah et sa femme puis Kassen, son troisième frère avec sa femme et sa fille de 3 ans et enfin Najat la petite sœur de 14 ans, enlevée par Daech puis relâchée après des semaines de négociation. Tous sont des kurdes Yézidis.

Tahsseen est bien connu du personnel du Consulat car, pendant de nombreuses années, il a été responsable du service de sécurité. Il a quitté cet emploi pour devenir Peshmerga c'est-à-dire combattant kurde en lutte contre les djihadistes de Daech lesquels pourchassent plus particulièrement les communautés chrétiennes et yézidis.

Dans la nuit du 10 au 11 août 2014, Tahsseen contacte par téléphone sa famille qui réside à Kojo, un petit village situé au sud du mont Sinjar, pour leur demander de quitter rapidement leur maison car il vient d'apprendre que les djihadistes s'apprêtent à massacrer la population en exécutant, comme ils l'ont fait la veille, près de 600 personnes d'un village voisin qui avaient refusé de se convertir à l'islam.

Emportant ce qu'ils avaient de plus précieux, toute la famille part dans la montagne. Dans leur fuite, ils croisent la route des combattants de Daech. Le père et la mère de Tahsseen, sa femme et ses deux enfants sont tués. Les deux enfants de son frère Salah sont blessés et les trois sœurs sont enlevées au cours de cette nuit qui va rester gravée dans leur mémoire collective.

Trois mois plus tard, les survivants de cette famille meurtrie sont pris en charge par Aviation Sans Frontières. La France vient de leur accorder l'asile car leur sécurité en Irak n'est plus assurée et Aviation Sans Frontières a pour mission de les escorter et d’assurer les frais du voyage.

Tahsseen, l'aîné, a pris la responsabilité de chef de famille. On lit dans son regard une volonté farouche de sauver les siens et de prendre en main leur destinée. Les deux enfants de Salah, blessés par balles, l'un au pied, l'autre au coude sont déjà partis en France pour être opérés.

En ce début de novembre et après maintes péripéties, les six adultes et la fillette de trois ans sont prêts à s’envoler en emportant avec eux six petites valises, ces 53 kilos de la vie qu’ils s’apprêtent à laisser derrière eux. Les formalités policières au départ d'Erbil sont accomplies lentement comme si les autorités irakiennes peinaient à les laisser partir. Peut être aussi une manière perverse de rajouter de l'angoisse à l’angoisse que chacun ressent évidemment avant ce départ définitif. 

Arrivé Paris, les responsables de l'OFFII (Office Français de l'Immigration et de l'Intégration) les prennent en charge. Sept rescapés d'une famille qui vont devoir faire la preuve que leur vie leur appartient et qu'ici, dans leur pays d'accueil, ils vont réussir à se construire un nouvel avenir.

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