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Accompagnements de Réfugiés : notre bénévole Eric témoigne
18/12/2019
La dualité des sentiments souvent partagés par les réfugiés, découvrez le témoignage d'Eric.
Selon le rapport annuel de l'ONU publié en juin 2019, 70,8 millions de personnes étaient déplacées fin 2018 à cause de guerres ou de persécutions. Un chiffre qui progresse d’année en année, pour atteindre un nouveau record. Depuis 2007, Aviation Sans Frontières réalise des accompagnements de réfugiés en partenariat avec l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), chargée de réinstaller les réfugiés dans des pays d'accueil.
Éric Marro est l’un des bénévoles qui accompagne des réfugiés. Éric nous a adressé ce texte dans lequel il pointe la dualité des sentiments souvent partagés par les réfugiés, entre joie et chagrin, entre bonheur et malheur :
« Mardi 12 novembre, je suis au nouvel aéroport d’Istanbul et j’attends un jeune couple de réfugiés Syriens en provenance d'Alep.
Nous allons voyager tous les trois vers Edimbourg où le mari va retrouver ses parents partis depuis 4 ans vivre en Écosse.
Un accompagnement simple, sans difficulté particulière, se profile pour moi. Nous nous retrouvons au comptoir d’enregistrement et le représentant d’OIM fait les présentations. Ahmed a 26 ans et Zukaa 18 ans. Ils sont tous les deux pétillants de bonheur et vont prendre l’avion pour la première fois. Nous procédons à l'enregistrement de leurs bagages qui restent pour eux leur seule et unique richesse.
Entre eux et moi et sans réaliser vraiment pourquoi, une relation de confiance et d’amitié s’installe très rapidement. Malheureusement ils ne parlent quasiment pas l'Anglais et la conversation risque d’être rapidement limitée.
Nous parcourons les longs couloirs de l’aéroport. Ils ont les yeux écarquillés et semblent perdus à la vue d’autant de luxe et de richesse. Arrivés devant les escalators et avec les risques inhérents de chute -surtout pour la jeune femme- nous décidons de prendre sagement les ascenseurs.
Installés en salle d’embarquement nous tentons de mieux nous connaître, essentiellement grâce à nos portables qui nous servent de traducteurs. Je perçois qu’Ahmed veut me dire quelque-chose qui lui tient à cœur.
Il me montre la photo d’une jolie petite fille souriante d’environ 2 ans, assise sur les genoux de son frère. Cette photo reflète vraiment un grand moment de bonheur et de complicité. Puis, il me montre une deuxième photo. Il s’agit d’un terrain vague sur lequel se trouve un semblant de pierre tombale recouverte d'une seule et unique petite fleur.
Ahmed confronté à ses souvenirs se met à pleurer. Je comprends alors que cette petite fille a été tuée lors d'un bombardement. Je suis totalement bouleversé et ne sais trop comment réagir. Je suis passé moi aussi trop vite de la joie au chagrin.
Le voyage va néanmoins se poursuivre sans encombre jusqu'à Edimbourg.
Quels que soient les accompagnements effectués, les retrouvailles sont toujours fortes et riches en émotion. Beaucoup de larmes seront versées ce jour-là mais de bonheur cette fois.
Une nouvelle vie s’ouvre à eux qui ne leur fera néanmoins pas oublier le déracinement et les drames passés. »
Pour en savoir plus sur la situation des réfugiés dans le monde :
photo : © Grégoire Gosset