Image
bénévole aviation sans frontières

Portrait de Vincent, bénévole aux Accompagnements d’Enfants Malades

06/12/2022

- Comment es-tu arrivé dans ce milieu de l’aérien et quel est ton parcours avant Aviation Sans Frontières ?

L'aérien est souvent une passion, beaucoup d'entre nous choisissent ce secteur d'activité pour cette raison. Cela fût mon cas lorsque j'ai décidé de faire tous mes stages en compagnie aérienne lors de mes études. On n'imagine pas la multitude de métiers dans ce secteur, j'ai fait pour ma part une grande partie de ma carrière au sein de la direction commerciale France d'une grande compagnie aérienne américaine.

En septembre 2009, j'ai effectué mon premier convoyage d'enfant malade pour Aviation Sans Frontières, puis plus tard pour des réfugiés, lorsque je disposais d'un peu plus de temps. Au début de la pandémie, l'activité réduite m'a donné l'occasion de gérer le planning des bénévoles de l’association pour le centre de vaccinations de l'hôpital Saint-Joseph à Paris : cette expérience m'a permis de rencontrer un grand nombre de bénévoles, des gens extraordinaires, et de réaliser qu'Aviation Sans Frontières est une grande famille unie par un même ADN. C'est ce qui me plaît beaucoup dans cette association : la mayonnaise prend toujours lorsqu'on fait une mission ensemble, même si on ne se connaissait pas avant. On parle le même langage, on a les mêmes valeurs.

- Comment as-tu connu Aviation Sans Frontières ? À quel moment as-tu rejoint l’association ?

Lorsque j'étais Pricing Manager, nous avions des sessions de formation organisées une fois par an par Amadeus (un système de réservations commun aux agences de voyage et aux compagnies aériennes), qui voyaient se réunir tous les représentants des compagnies aériennes en France. A la fin de la journée, nous avons eu une présentation d'Aviation Sans Frontières et un appel à volontaires bénéficiant des billets à réduction non commerciale. Le lendemain, je contactais le bureau des convoyages et Danielle m'a programmé quelques jours plus tard sur ma première mission pour accompagner de Paris à Genève deux enfants irakiens en provenance de Damas. Et la semaine dernière, j'ai effectué ma 62e mission sur un vol Yaoundé-Paris pour un petit garçon de 3 ans, sous oxygène.

- Quelles sont les missions que tu mènes ?  Peux-tu nous parler de ton engagement bénévole ?  

Lors de la pause en raison du Covid-19, Aviation Sans Frontières m'a proposé de suivre une formation pour pouvoir assurer les transferts d'enfants sous oxygène : ces convoyages constituent désormais la grande majorité des missions pour lesquelles Aviation Sans Frontières me sollicite. Ce ne sont pas les plus faciles car les enfants sous oxygène requièrent d'autant plus d'attention vu leur condition physique. Mais cet engagement correspond bien à ce que je recherche : aider ceux qui en ont besoin en se jouant des différences qui se dressent entre nous, telles que la couleur de peau, l'éducation, la langue ou la religion. Et ne prendre en compte que le cœur (toujours lui) de l'humain.

Image
Vincent de retour vers son pays
Image
Vincent et Emmanuel

- Quelles sont les principales difficultés rencontrées lors d'un convoyage ?

La séparation parents-enfant est souvent délicate, et même avec l'expérience acquise au fil des convoyages, c'est un moment complexe à gérer qui peut être difficile à vivre pour un enfant qui passe d'un monde à un autre, avant de monter dans un avion. Certains enfants n'ont jamais fait leurs besoins dans des toilettes, d'autres ne savent pas utiliser des couverts pour manger ou encore n'ont jamais marché avec des chaussures aux pieds avant le jour du départ. Il faut s'adapter à l'enfant en tenant compte de multiples facteurs socio-culturels pour que le voyage qui constitue la transition entre sa vie d'avant et sa vie d'après se fasse de la manière la plus douce possible.

- Quelle est ta devise ou philosophie ?

Je livrerais plutôt une pensée qui me vient à l'esprit à chaque retour de convoyage : quelle belle leçon de vie que nous donnent tous ces enfants malades. Quand on a tendance à se plaindre sur son propre sort, ça permet de remettre les pendules à l'heure. Lorsque je me pose l’aéroport de Paris – Charles de Gaulle et que la mission est terminée, je me dis que ça valait le coup et je suis content de l'avoir accomplie.

- Quel est ton plus bel accomplissement ?

J'ai envie de vous livrer mon plus beau souvenir de convoyage : je raccompagnais une adolescente guérie vers Dakar, au Sénégal. Elle feuillette le magazine de bord Air France et me demande ce qu'est un cockpit. Je lui explique alors en quoi consiste le travail de pilote de ligne. Comme elle paraissait très intéressée, je demande à la chef de cabine s'il serait possible de lui faire visiter le poste. Le commandant de bord lui a tout expliqué de son métier avec une telle passion qu'en revenant à sa place, elle avait des étoiles dans les yeux et m'a dit "c'est ça que je veux faire plus tard"! Aujourd'hui, Dieynaba est toujours en contact avec moi, et même si elle n'est pas pilote, elle est très heureuse et vit au Canada avec son mari.

Portraits de bénévoles Aviation Sans Frontières.

View